Rolex: Deepsea à cadran D-Blue

N'importe quel responsable marketing dirait que c'est une pure folie de présenter une nouveauté horlogère en plein mois d'août. Cependant, Rolex est une marque à part et peut se permettre des choix inconcevables pour d'autres. Et pourtant, c'est bien la première fois que Rolex dévoile une nouveauté en dehors de la période de Baselworld. Nouveauté est peut-être un bien grand mot car la Deepsea à cadran D-Blue n'est qu'une déclinaison d'un modèle existant. Mais une fois de plus, les raisonnements habituels ne s'appliquent pas à la marque à la couronne: quel que soit le bout par lequel on prend cette montre, elle apparaît comme un véritable événement.


A vrai dire, j'ai perçu cette présentation comme une piqûre de rappel de la part de Rolex. Face à une concurrence de plus en plus crédible et féroce, Rolex a souhaité remettre les pendules à l'heure, si j'ose dire. Au-delà de la très légitime célébration de la plongée de James Cameron en solitaire, cette Deepsea à cadran D-Blue a pour but de confirmer la suprématie de Rolex dans le domaine des montres de plongée. Grâce à son cadran D-Blue, elle symbolise aussi l'extrême diversité de cadrans que Rolex est en mesure de proposer dans sa collection.

Ce n'est pas un hasard que la Deepsea retrouve une nouvelle jeunesse maintenant. Hublot et d'autres ont eu tendance à plonger dans de telles profondeurs. Dans un segment technique tel que celui des montres de plongée, ces montres de l'extrême servent de démonstration du savoir-faire des marques. Elles donnent confiance à la clientèle car lorsqu'on est capable de flirter avec les 4.000 mètres de profondeur, cela crédibilise énormément les montres de plongée à l'étanchéité plus classique. Rolex se devait de réaffirmer sa position et d'une certaine façon, accompagner le retour de la Sea-Dweller qui s'est opéré il y a quelques mois à Baselworld.


Même si elle joue un rôle important du fait de son rayonnement sur l'ensemble de la collection, la Deepsea à cadran D-Blue a également la mission de redonner une nouvelle dynamique spécifique à la montre dédiée aux eaux profondes. Souvent perçue par les amateurs de la marque comme une sorte de Sea-Dweller body-buildée, elle n'a pas généré lors de sa présentation un fort sentiment d'adhésion. Elle suscita beaucoup de respect du fait de ses performances et de ses solutions techniques (architecture Ringlock System avec valve à hélium, fond du boîtier en titane, système de rallonge Glidelock, affichage Chromalight sans oublier la maille Fliplock etc...) mais son gabarit (44mm de diamètre) et la conviction qu'elle était peu adaptée à un usage quotidien la rendaient aux yeux de la clientèle moins polyvalente qu'une autre Rolex de plongée... et ainsi moins désirable.


Je ne dis pas que la Deepsea à cadran D-Blue corrige cette impression. Sa taille et son volume hors norme demeurent. Mais voilà: le nouveau cadran ainsi que le contexte dans lequel elle est dévoilée lui apportent une touche de magie et de glamour dont elle manquait peut-être au départ. Elle raconte enfin une histoire ce qui réchauffe son aspect clinique. La symbolique du cadran est très simple à expliquer: le dégradé simule la plongée dans les profondeurs... et donc dans l'obscurité. Ce dégradé est particulièrement bien réalisé et il donne une  touche de subtilité bienvenue. Mais l'élément le plus important est sûrement le Deepsea vert (la couleur du sous-marin de James Cameron). Cette ligne est loin d'être anodine. Certains regretteront qu'elle rende le cadran encore plus bavard qu'il ne l'était au départ. Cela ne m'a nullement dérangé. La ligne supplémentaire s'intègre bien et joue même un rôle décoratif. Et elle réaffirme la Deepsea comme une montre à part entière et pas comme une remplaçante de la Sea-Dweller précédente. C'est opportun dans le contexte de la sortie de la nouvelle Sea-Dweller. La Deepsea existe maintenant en tant que telle dans la collection et c'est une affirmation majeure de la part de Rolex.


La Deepsea à cadran D-Blue que j'ai photographiée n'était pas à ma taille. Cependant ayant par le passé porté une Deepsea "noire", j'ai pu apprécier le confort au porté ce qui est une constante chez Rolex. Le poids est bien réparti sur le poignet et le système de réglage du bracelet empêche la montre de bouger. Le problème de la Deepsea se situe plus par l'effet de volume saisissant qu'elle crée une fois mise au poignet. Pourtant un diamètre de 44mm n'est pas exceptionnel de nos jours. Mais la montre dégage aussi un sentiment de puissance. Le cadran D-Blue l'adoucit un peu et je me suis surpris à jouer avec les effets de lumière pour découvrir son échelle chromatique relativement large. Ce cadran est assurément une très jolie surprise car il rend la Deepsea moins radicale en apportant son côté raffiné (j'ose employer cet adjectif!) à une montre qui se singularisait auparavant surtout par ses performances techniques. Une petite digression esthétique ne fait donc pas de mal!

Les plus:
+ les performances de la Deepsea
+ le confort au porté malgré le gabarit
+ la fiabilité et la précision du mouvement 3135
+ la touche de subtilité apportée par le cadran D-Blue

Les moins:
- du fait de son rendu au poignet, la montre n'est pas esthétiquement aussi polyvalente que d'autres modèles de plongée de Rolex
- le cadran est très bavard même si ce n'est pas rédhibitoire dans ce contexte technique