Laurent Ferrier: Galet Micro-Rotor Cadran Opalin

Laurent Ferrier fait partie de ces très rares horlogers qui ont su bâtir des marques crédibles dans le haut du segment qui portent leurs propres noms et ce, en quelques années. Je vois plusieurs explications à cette réussite extrêmement rapide:
  • l'expérience et le parcours de Laurent Ferrier ont rassuré les collectionneurs et ont donné une légitimité quasi immédiate à la première collection,
  • l'esthétique classique et raffinée de chaque montre du catalogue a su séduire les amateurs d'horlogerie traditionnelle tout en définissant l'identité de la marque,
  • le contenu technique et innovant des mouvements est à la hauteur de leurs superbes finitions.
Une montre Laurent Ferrier, c'est comme un mélange de feu et de glace: le feu avec le pouvoir attractif des mouvements stimulé par leurs présentations spectaculaires, la glace avec un design sans heurt et d'une grande sobriété dont l'objectif est de renforcer le caractère intemporel de la pièce. La notion d'homogénéité me vient également à l'esprit quand il s'agit de décrire la globalité de l'offre de Laurent Ferrier. En effet, quelles que soient les montres du catalogue, de la Galet Classic (Tourbillon double spiral) à la Galet Micro-Rotor, en passant par la Galet Traveller (double fuseau horaire), elles partagent toutes la même rigueur dans la conception et la même qualité d'exécution. C'est la raison pour laquelle j'ai du mal à considérer la Galet Micro-Rotor comme une sorte d'entrée de gamme dans la collection. Elle est avant tout, au-delà de toute considération tarifaire, la montre sans complication qui se distingue par l'utilisation d'un calibre micro-rotor permet d'allier le remontage automatique avec la beauté de son architecture.


La Foire de Bâle de cette année donna l'occasion à Laurent Ferrier de présenter deux nouvelles déclinaisons du cadran de la Galet Micro-Rotor. Ces cadrans noir ou opalin se différencient de ceux aux fins index appliqués en or par la présence conjointe d'un chemin de fer de minuterie périphérique et des chiffres arabes en relief. C'est tout le style de la Galet Micro-Rotor qui est ainsi transformé. Elle passe de façon instantanée du statut de montre formelle et habillée à celui de montre plus versatile, à l'aise à la fois en costume ou avec une tenue plus décontractée. Mais à aucun moment, elle ne perd de son élégance.

Les deux nouveaux cadrans en argent massif, opalin à gauche, noir à droite:


Le détail qui m'a le plus impressionné est assurément la finition du cadran. La finesse des chiffres en relief est à proprement parler étonnante et je n'ose imaginer la taille microscopique de leurs pieds. Cette finesse est cependant requise pour être en cohérence avec le style de la marque et en harmonie avec la paire d'aiguilles qui conservent leur traditionnelle forme "sagaie". La police de caractère utilisée et le fait que l'orientation des chiffres évolue selon leurs positions sur le cadran contribuent au sentiment d'être en face d'une montre moins stricte que la Galet Micro-Rotor initiale. L'inspiration "vintage" du cadran est donc un choix heureux qui permet d'élargir  l'éventail esthétique de la Galet Micro-Rotor. Le cadran opalin a ma préférence par rapport au cadran noir. Il rend la montre plus lumineuse et j'apprécie la subtilité de cette couleur qui se marie avec bonheur avec le boîtier en or gris et qui pourrait également le faire avec le boîtier en or rose. Le cadran noir demeure toutefois très agréable à observer mais il tend à faire diminuer la taille perçue de la montre.


Les autres éléments de la Galet Micro-Rotor sont dans ce contexte conservés. Je retrouve ainsi avec plaisir les formes galbées et sobres du boîtier de 40mm, très confortable au porté et la couronne "boule" qui se manipule aisément et qui apporte sa touche de caractère. Et puis, comment ne pas évoquer le spectacle offert par le mouvement à micro-rotor qui provoque toujours les mêmes émotions?

Le mouvement FBN 229.01 est d'une grande beauté car il parvient à combiner l'excellence de ses finitions avec l'originalité de son architecture. En effet, malgré ce très bel hommage à l'horlogerie traditionnelle, il présente plusieurs détails surprenant sans oublier des caractéristiques techniques innovantes. Vouloir le réduire à une pure interprétation contemporaine des mouvements classiques serait une erreur. D'ailleurs, le choix d'un remontage automatique à micro-rotor prouve bien qu'à la base, l'ambition était d'aller au-delà de cet hommage. 


Le premier détail qui se remarque sur le mouvement est le pont du micro-rotor. La présence d'un tel pont est inhabituelle mais elle s'explique par la volonté de donner la meilleure stabilité possible au micro-rotor dont la masse oscillante en or agit de façon unidirectionnelle. Le choix s'est porté sur un mécanisme de remontage à cliquet au détriment d'un système à roulement à billes, jugé trop bruyant. La belle horlogerie doit être contemplée dans le silence! Enfin, pour renforcer la fiabilité du mécanisme, un système anti-chocs "silentbloc" complète le dispositif. Le pont du micro-rotor est non seulement beau à observer, il contribue également à la qualité perçue du mouvement et au sentiment de solidité.

Une autre caractéristique du mouvement est l'échappement en silicium à double impulsion directe au balancier. Cet échappement permet de faire correspondre le nombre d'impulsions à celui des alternances en donnant deux impulsions par oscillation, l'objectif étant d'améliorer le rendement du mouvement et l'efficacité au remontage en réduisant le couple nécessaire à l'armage du ressort du barillet.


Au-delà de ces éléments techniques et des performances propres du mouvement (une fréquence de 3hz et une réserve de marche satisfaisante de 72 heures), j'ai beaucoup apprécié le soin apporté aux finitions et le contraste esthétique entre le pont du micro-rotor et celui à double bras du balancier. La parfaite continuité des côtes de Genève sur les deux ponts principaux et la qualité des anglages témoignent de la qualité de l'ensemble. Ma seule réserve se situe au niveau des formes du pont inférieur situé entre le balancier et le micro-rotor que j'aurais aimé voir plus ambitieuses pour que les angles soient plus prononcés.


La Galet Micro-Rotor Cadran Opalin joue la carte de la discrétion et cela se ressent immédiatement une fois la montre mise au poignet. Mais discrétion ne veut pas dire timidité! Le diamètre de 40mm, la forme de la couronne et la longueur des cornes lui confèrent une certaine présence qui est la bienvenue. Sa sobriété, son raffinement et la présentation du cadran la rendent à l'aise en toute circonstance et c'est la raison pour laquelle je la considère comme une façon idéale de rentrer dans l'univers de Laurent Ferrier. Le prix (juste en dessous de 40K euros) étant légèrement plus accessible que celui de la Galet Micro-Rotor à index appliqués en or, il peut être un argument supplémentaire en faveur de cette montre dont le principal atout demeure l'intérêt esthétique et technique de son mouvement.

Les montres Laurent Ferrier sont disponibles en France chez Antoine de Macedo à Paris.

Merci à l'équipe Laurent Ferrier pour son accueil à Baselworld.

Les plus:
+ la très belle finition du cadran
+ le mouvement à la fois spectaculaire et efficace
+ une montre facile à vivre au quotidien (manipulation de la couronne, longue réserve de marche, confort au porté)
+ la discrétion et le raffinement de l'ensemble

Les moins:
- j'aurais apprécié que les formes du pont inférieur soient plus prononcées