Harry Winston: Midnight Squelette

La Midnight Squelette est la dernière représentante de la collection Midnight qui prend de plus en plus d'importance au sein du catalogue Harry Winston. La collection se caractérise par l'utilisation d'un boîtier fin  dont le diamètre relativement important (42mm) lui confère un style très élancé. Si le boîtier Premier semble plus sophistiqué, si le boîtier Ocean est plus polyvalent en jouant la carte du sport-chic, le boîtier Midnight séduit par sa simplicité et par ses traits adoucis comme le prouve le très léger rappel des arches Harry Winston sur la lunette à côté de la couronne. A titre personnel, c'est bien le boîtier Ocean que je préfère car il possède plus de caractère et de punch. Cependant, la discrétion et la raffinement du boîtier Midnight ne sont pas dénués d'intérêt surtout dans le contexte de cet exercice de style particulier qu'est la montre squelette.

Compte tenu du cadran extrêmement fouillé, la simplicité du boîtier est bienvenue. Elle permet d'éviter à la montre d'apparaître comme surchargée et surtout elle met en valeur le travail effectué sur le cadran. Le grand atout de la Midnight Squelette n'est pas à proprement parler sa finition même si elle est irréprochable et très proprement exécutée. Il ne s'agit pas d'un mouvement "squeletté" au sens littéral du terme mais usiné avec ses platines et ponts ouverts. Le pouvoir d'attraction de cette montre réside plutôt dans l'esthétique originale et contemporaine du mouvement.

Plus j'observe la Midnight Squelette, plus elle me fait penser à une représentation d'un système solaire où des planètes graviteraient autour d'un astre symbolisé par le micro-rotor. J'apprécie particulièrement ce mélange de cercles, de courbes et de lignes droites convergentes qui apportent beaucoup d'énergie et qui renouvelle cette démarche décorative traditionnelle de l'horlogerie. La forme de chaque élément du mouvement est soulignée par une rainure médiane qui suit les moindres contours, les moindres circonvolutions. Le résultat est emprunt d'une très grande modernité qui mélange complexité et fluidité. Le logo et le nom de la marque sont parfaitement insérés devant le système de remontage automatique et évitent de trop attirer le regard.

 Le caractère dynamique du cadran est dû à la grande courbe qui démarre à la gauche de la partie ajourée du micro-rotor et qui l'encercle pour rejoindre la lunette à 11 heures. Tous les cercles du cadran, quelles que soient leurs tailles, s'organisent, se positionnent sur cette courbe ou autour créant ainsi une sorte de propagation visuelle.

L'équipe Harry Winston a eu la très bonne idée de réduire au maximum la palette des couleurs compte tenu des détails du cadran. Seuls finalement les roues et le balancier tranchent par rapport à la platine ajourée et ce de façon très subtile car ils demeurent peu visibles. Ils sont d'ailleurs plus suggérés que réellement offerts à notre regard. De même, les écueils habituels des montres squelette que sont les incablocs et autres barillets sont relativement cachés ce qui est très positif pour la réussite esthétique de la pièce.

Le spectacle est selon moi encore plus abouti côté ponts. En retournant la montre, toute l'architecture du mouvement se dévoile: les roues, le micro-rotor, le rochet, le barillet, le système de remontage automatique se distinguent nettement tout en s'insérant harmonieusement dans le style décoratif du mouvement. Je dois avouer que je suis plus convaincu en termes de finition par ce côté de la montre car si la démarche esthétique reste la même, j'ai trouvé la qualité perçue supérieure à celle du côté cadran.

L'observation du mouvement côté ponts laisse aussi apparaître son véritable diamètre d'encageage. Ce dernier aurait permis l'utilisation d'un diamètre de boîtier plus petit. Je comprends tout à fait la volonté de Harry Winston de conserver au sein de sa collection un diamètre constant pour ses différentes montres Midnight. Je pense cependant que la montre aurait été encore plus convaincante dans un boîtier de 40 et ce pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, la lunette du boîtier Midnight est relativement fine si bien que l'ouverture du cadran demeure importante. Ensuite la réduction de la taille aurait permis d'éviter les ouvertures régulières à la périphérie qui ne sont pas l'élément le plus réussi de la montre. Puis un diamètre contenu me semble généralement mieux adapté à une montre squelette. La montre aurait alors convenu à des poignets plus petits sans forcément gêner les grands poignets. Le rééquilibrage entre diamètre et épaisseur aurait en contrepartie atténué le caractère élancé et la montre serait apparue comme plus ramassée. 

 Le mouvement à micro-rotor est une évolution du calibre Vaucher VMF5300. Il s'agit d'un mouvement d'excellente facture  équipant entre autres la Parmigiani Tonda 1950 et la Richard Mille RM033. Il est intéressant de remarquer que le résultat visuel de la Midnight Squelette côté ponts soutient la comparaison avec la Richard Mille: le squelettage n'est pas le même mais en termes d'exécution, les deux montres se valent.

Le mouvement a une fréquence de 3hz et une réserve de marche de 42 heures. Sa finesse (2,6mm) est évidemment adaptée au contexte du boîtier Midnight (dans ce cas d'une épaisseur de 7,5mm). Son efficacité au remontage est tout à fait satisfaisante pour un calibre à micro-rotor.


La Midnight Squelette dégage une belle présence au poignet de par la complexité du cadran et son caractère élancé qui accentue la perception de la taille. Les poils du poignet sont malheureusement visibles à travers certains parties ajourées mais elles sont suffisamment petites pour que cette contrainte ne devienne gênante. La lisibilité peut être délicate dans certaines conditions de lumière car le contraste entre les aiguilles et le cadran squeletté demeure faible. Ceci dit, je préfère pour l'élégance de la montre que les aiguilles ne jurent pas avec le contexte dans lequel elles évoluent. Le confort de la montre est appréciable: il s'agit d'une constante du boîtier Midnight 42mm. Les cornes épousent bien le poignet et le boîtier se positionne idéalement.

Avec cette nouvelle venue qui tranche radicalement avec les autres modèles existants, Harry Winston étoffe de façon pertinente sa collection Midnight. La Midnight Squelette n'est certes pas une montre irréprochable: elle aurait sûrement mérité une taille plus petite et sa lisibilité est loin d'être optimale. Mais la discrète élégance et la finesse du boîtier Midnight offrent un cadre idéal pour une telle présentation de cadran et de mouvement. L'approche esthétique réussie, à la fois contemporaine, audacieuse et dynamique et l'utilisation d'un mouvement à micro-rotor de qualité font au final nettement pencher la balance du côté positif. C'est la raison pour laquelle le Midnight Squelette, disponible en or gris ou en or rose est une des nouveautés Harry Winston 2012 que je préfère.