Hublot: Classic Fusion Squelette

En 2012, Hublot a proposé un véritable feu d'artifices de nouveautés occupant ensemble des segments de sa collection. Cette stratégie vise à réduire petit à petit l'influence de la Big Bang mais également, par le rajout de complications et de mouvements exclusifs d'augmenter significativement le prix moyen par montre vendue et d'apporter une certaine crédibilité horlogère.

La Classic Fusion Squelette s'inscrit totalement dans cette stratégie en donnant un coup de projecteur global sur la ligne Classic Fusion  et à travers le mouvement exclusif, en renforçant son contenu horloger. Dans le contexte d'une offre 2012 extrêmement large à la qualité très hétérogène (le pire côtoyant le très convainquant), Hublot nous propose son meilleur côté avec cette montre qui séduit par son coté élancé et par sa cohérence d'ensemble.


Evidemment, le terme de "squelette" est utilisé abusivement si nous nous plaçons du point de vue du purisme horloger. Dans ce cas précis, le mouvement n'a pas été travaillé, décoré, réduit à sa structure la plus fine pour dévoiler et mettre en valeur  les pièces nécessaires à son fonctionnement. La platine et les ponts ont été usinés tels quels et cela se voit. Nous ne sommes clairement pas au même niveau d'exclusivité et d'excellence qu'une Audemars Piguet 15305 par exemple qui est un festival de techniques décoratives. Nous ne sommes pas non plus au même niveau de prix d'ailleurs. Cependant, le côté plus basique, plus simple de la Classic Fusion Squelette lui va particulièrement bien. Et c'est pour cela que cette montre est réussie: le cadran est en harmonie avec le boîtier. L'aspect industriel du mouvement répond à la géométrie du boîtier et à ses vis  pour créer une sorte d'atmosphère très contemporaine, aux antipodes des montres squelette baroques.

L'ensemble est très agréable à regarder car Hublot a su rehausser la qualité perçue grâce aux index appliqués et aux aiguilles qui donnent du relief et qui contribuent à maintenir la lisibilité de façon tout à fait irréprochable. Malgré le fouillis du cadran, les aiguilles polies se détachent parfaitement et font apprécier leur forme et leur accord avec les index.

La petite originalité est évidemment le placement à 7 heures de la petite seconde. L'asymétrie qu'elle provoque est la bienvenue car elle s'adapte aux motifs du mouvement en dégageant le mécanisme de remontoir, les roue des heures et de minuterie.


Hublot joue la même partition côté ponts: la présentation reste sommaire mais elle est intelligemment faite. J'apprécie notamment la façon dont les roues et rochet se détachent, les légers effets de profondeur et la petite ouverture du pont du balancier qui donne une belle vue sur l'organe régulant. Cela ne dégage pas un charme fou, c'est même une esthétique assez froide mais bien pensée et encore une fois en harmonie avec le boîtier et le style général de Hublot.

Le principal atout de cette montre demeure la présentation élancée du boîtier qui donne le sentiment d'une très grande fluidité malgré certains détails très anguleux. Le diamètre important (45mm) peut surprendre dans un tel contexte. Après tout, Hublot veut jouer la carte d'une certaine élégance et une montre à 3 aiguilles ne nécessite généralement pas une telle taille.

De façon surprenante, la taille ne m'a pas posé de problème et l'effet "oeuf sur le plat" a même été évité. L'ouverture du cadran reste mesurée compte tenu de l'épaisseur de la lunette mais est suffisamment importante pour profiter de la présentation du mouvement. Compte tenu de son côté détaillé, une plus petite taille aurait nui à l'atmosphère géométrique de cette Classic Fusion. La montre est de plus très confortable ce qui demeure une constante chez Hublot. Je dois me résoudre à l'avouer: même les montres les plus critiquables qu'ils ont pu réaliser étaient confortables. Voilà au moins une qualité que je ne pourrai pas leur retirer.

Le côté élancé du boîtier est rendu possible par la finesse du mouvement d'une hauteur de 2,9mm. Le HUB1300 à remontage manuel possède une réserve de marche fort appréciable de 90 heures, surtout compte tenu de son épaisseur. Sa fréquence est de 3hz. Son remontage est tout à fait correct et la couronne se manipule bien. Il a été développé par Hublot mais ma compréhension est qu'il est actuellement produit par La Joux-Perret. Je suis dans la situation où j'ai du mal à vous expliquer qui a fait quoi autour de ce mouvement. Mais après tout, ce n'est pas très important. Seul le résultat compte et le résultat m'a plu.


La Classic Fusion Squelette est produite en série limitée dans chacune de ses versions: 500 exemplaires en King Gold et 1000 exemplaires en titane. Je trouve cela dommage car au-delà des contraintes industrielles ayant pu conduire à ces limitations, cette montre avait toute sa place dans la collection permanente de Hublot. Mais Hublot fonde-t-il encore sa stratégie sur sa collection permanente? Je ne le pense pas puisque Hublot communique presque exclusivement sur ses séries limitées. La collection permanente donne l'impression d'être principalement là pour structurer l'offre autour de laquelle seront déclinées les séries limitées.

En tout cas, que ce soit en titane ou en King Gold, la Classic Fusion Squelette constitue une belle réussite. Le boîtier est très séduisant grâce à sa forme, son alternance de parties polies et brossées. Le mouvement squelette ne dégage pas le charme d'une montre squelette traditionnelle. Il est industriel et froid mais c'est loin d'être un défaut ici car il plonge paradoxalement la montre dans une dimension contemporaine qui colle à l'esprit de la marque. Au final, c'est cette cohérence qui la rend attirante. De mon point de vue, c'est sûrement la montre Hublot la plus intéressante depuis la Bullet Bang.

Merci à l'équipe Hublot pour son accueil pendant la Foire de Bâle 2012.