Ressence: Type 1002

Les Salons QP et Belles Montres 2011 m'ont donné l'occasion de refaire un point avec Benoît Mintiens sur l'évolution de sa collection et sur les modifications apportées sur sa production récente par rapport au modèle initial.

Ressence (Rennaissance de l'Essentiel) est une des plus belles histoires horlogères de ces dernières années car symbolisant l'aboutissement d'un projet personnel et original, celui de Benoît Mintiens, qui n'est point horloger à la base mais designer industriel. L'avantage d'être en dehors du sérail est finalement de pouvoir apporter des idées neuves, sans aucun a priori. Benoît Mintiens, après avoir initié un projet pour le compte d'un ami diamantaire, décida de se lancer dans la grande aventure de la conception de sa propre montre afin de pouvoir faire vivre ses idées.

La première Ressence fut dévoilée au grand public au cours du Salon de Bâle 2010. A cette occasion, elle surprit et séduisit les visiteurs qui découvrirent le talent de Benoît Mintiens. Les raisons de cette perception positive reposaient sur plusieurs facteurs:
  • l'affichage original du temps se basant sur une cinématique particulière des éléments du cadran
  • un design épuré et efficace
  • un module à la conception ingénieuse
  • un prix raisonnable
Pour bien comprendre comment évolue l'affichage au fil de l'écoulement du temps, je vous propose ce film qui montre, en accéléré, les rotations et révolutions simultanées des satellites:



Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un affichage où chaque fonction est répartie sur le cadran, aucune aiguille n'en chevauchant une autre du fait de leurs positionnements désaxés. L'aiguille qui joue un rôle essentiel est l'aiguille des minutes. C'est la plus visible, c'est également celle qui est apposée sur le satellite qui va entraîner les secteurs des autres éléments de l'affichage: heures, secondes et indicateur matin/après-midi.

La montre affiche 16h39:

Rien de superflu n'est ajouté: ni texte ni nom de marque envahissants. C'est tout le travail du designer qui s'exprime, orienté vers l'efficacité et la lisibilité qui se doivent d'être optimales compte tenu du bouleversement des repères habituels. Seul le très discret logo, au sommet du secteur des heures rappelle la marque de Benoît Mintiens.

La taille du boîtier (42mm) est idéale: plus petite, elle aurait rendu la lecture du temps délicate. Plus grande, la montre aurait semblé disproportionnée. L'épaisseur reste raisonnable (13mm) compte tenu du mouvement modulaire utilisé. Ce dernier est composé d'un calibre 2824 et du module exclusif d'affichage du temps. Le 2824 ne sert qu'à animer le module. Le choix de cette base est simple: le calibre est fiable, éprouvé, facile à réviser, à réparer, sa puissance étant suffisante pour le module. L'intérêt du mouvement réside évidemment dans le module dont l'objectif consiste à faire tourner 4 satellites: le principal lié à l'aiguille des minutes, les auxiliaires pour les autres fonctions.

Entre la montre initiale et la Type 2002 que je vous présente, à cadran de couleur argenté, aux ponts du module et satellites en Titane Grade 5, certaines améliorations ont été apportées.

Initialement, le module était monté sur un roulement à bille. Il est maintenant basé sur un système à galets en rubis verticaux et horizontaux qui reprennent le principe des roues des wagons des montagnes russes. Ce changement améliore l'efficacité de l'assemblage, le roulement à billes s'avérant plus délicat à ajuster.

Ensuite, un système d'absorption de choc a été inséré au niveau du module. La montre comporte une pièce clé qui est un petit cube qui sert de relai entre le 2824 et le module. Le cube est dorénavant mieux protégé par une sorte de ressort qui l'entoure.

Puis le saphir à l'arrière de la montre est monté sur un châssis alors qu'il était auparavant vissé. Ce changement a deux vertus: l'étanchéité est amélioré et la production optimisée, le saphir pouvant casser lorsque les trous des vis étaient forés.

Enfin, les anses fil peuvent plus facilement se retirer afin que le changement de bracelet s'effectue avec aisance.

Cette volonté constante d'améliorer son produit témoigne du soin apporté aux détails de la part de Benoît Mintiens et cela se sent lorsque nous mettons la type 1002 au poignet.

Le nouveau fond du boîtier:

C'est une montre à la fois sobre et radicale: elle séduit par ce mélange très particulier entre pureté du cadran et originalité de sa présentation. La cinématique des satellites est envoutante lorsque nous tournons la couronne. Mais évidemment, nous ne passons pas notre temps à la tourner. Et c'est là où nous nous rendons compte de la réussite esthétique du cadran. Nous lisons l'heure à un moment donné puis nous regardons de nouveau l'heure un peu plus tard: le cadran s'est transformé, la position des satellites n'étant plus la même. A vitesse réelle, l'affichage conserve sa magie ce qui est important pour l'intérêt de la pièce.

La finition du cadran est très propre, sans fioriture et s'apprécie à la lecture de l'heure. Le boîtier est lui aussi très sobre afin de laisser le premier rôle à l'affichage du temps. La couronne est au contraire spéciale de par sa forme, son ergonomie et l'effet démultiplicateur qu'elle possède.

La Type 1002 ainsi que le reste de la collection Zeroseries, la première de Ressence, font partie selon moi des montres marquantes de ces dernières années. La démarche de leur créateur contribue assurément au courant de sympathie qu'elles génèrent. Mais au final, c'est bien leur caractère abouti et la pertinence de l'affichage qui les rendent séduisantes. Cet affichage est à la fois ludique sans perdre son côté pratique: désigner de profession, Benoît Mintiens sait pertinemment que le fond crée la forme et la collection Zeroseries le prouve.

Le prix public français de la collection s'étale entre 11.500 et 14.750 euros TTC ce qui constitue selon moi un prix très raisonnable pour des montres utilisant un module d'affichage à la fois ingénieux, original et séduisant. La collection Zeroseries est disponible en France chez Chronopassion.

Un grand merci à Benoît Mintiens pour son accueil que ce soit à Londres ou à Paris au cours des derniers salons horlogers.