MAR: Millésime 2008 BT2 Or Jaune

J'ai deux bonnes raisons de vous présenter une montre MAR: une très sérieuse et une plus bucolique.

En relançant la marque MAR en 2008, Philippe Ruedin vise deux principaux objectifs: faire vivre une certaine idée de l'horlogerie et rendre hommage à sa famille, MAR étant l'acronyme de Maurice Albert Ruedin, son arrière grand-père. Mais contrairement à ce que nous pourrions croire, Maurice Albert Ruedin n'était pas un célèbre horloger suisse mais un viticulteur renommé qui au début du XXième siècle a produit un vin mousseux qui fut exporté dans l'Europe entière et même aux Etats-Unis.

Si l'objectif de MAR reste finalement le même qu'il y a un siècle (être actif dans le segment du luxe), la nature du produit proposé de nos jours semble bien éloigné du contenu des précieuses bouteilles originelles: c'est maintenant dans la haute-horlogerie que MAR souhaite trouver sa place. Philippe Ruedin ne voulait cependant pas oublier ce passé et s'en est fortement inspiré pour bâtir sa première collection. Nous abordons ainsi la raison bucolique qui m'a donné envie de vous présenter une de ces montres: elle fourmille de détails qui en font un hommage appuyé à la viticulture. Nous sortons enfin des univers militaires, aéronautiques, marins, automobiles pour explorer une dimension plus champêtre et sûrement plus évocatrice de l'histoire du Jura Suisse.

Toute cette collection baigne ainsi dans cette ambiance:
  • elle porte le nom de Bacchus
  • elle est structurée en millésimes, chaque millésime étant caractérisé par des complications spécifiques
  • l'esthétique des montres de la collection Bacchus est un rappel constant du monde de la vigne: la tranche de la carrure de la montre représente l'oreille de la gerle qui est utilisée pour les vendanges, la lunette ressemble à la partie supérieure d'un tonneau, la couronne s'apparente à un bouche de champagne et les cornes évoquent la traverse de la porte du tonneau
  • des sillons de vigne sont gravés sur le mouvement côté ponts et côté platine et des gouttes de vin forment des index pour le moins originaux.
Chaque millésime possède trois lignes de 7 montres chacune: une ligne technique (MAR BT), une ligne joaillerie (MAR BJ) et une ligne dames (MAR BD). Le nom de la montre est complété par un chiffre signifiant le rang dans la ligne. La montre en photos est issue de la ligne technique du Millésime 2008. Il s'agit en fait de la Bacchus Millésime 2008 BT2 en or jaune.

Comment reconnaissons-nous le millésime? Tout simplement en observant les complications de la montre. Ici, la montre propose un affichage heures-minutes avec une petite seconde à 9 heures et rien de plus: le Millésime 2008, le premier de la collection Bacchus ne propose que des montres simples. Le Millésime 2009 introduit le guichet de date, l'affichage de la réserve de marche ainsi que le chronographe monopoussoir. Le Millésime 2010 est marqué par l'affichage des phases de lune.

Cette BT2 ne comporte pas de cadran afin de dévoiler le mouvement côté platine. A titre personnel, je ne suis pas totalement convaincu par le résultat car le mouvement, certes très bien fini, est relativement classique dans son architecture de ce côté: j'ai plus ressenti l'absence du cadran que la visibilité du mouvement. Je suis en revanche plus séduit par l'esthétique des montres de la ligne BJ qui utilisent un cadran blanc ou noir. Mon souhait serait donc de pouvoir voir des montres de la ligne BT avec un cadran. A noter, quelque soit la ligne, le sertissage d'un diamant sur la platine du mouvement: celui-ci est visible à gauche des sillons supérieurs.

La raison très sérieuse que j'évoquais en début d'article est liée aux mouvements qui équipent les différentes montres de la collection Bacchus: ils sont tous basés sur les calibres ASXP émanant d'ASXP-Engineering, la marque de développement horloger et de support informatique de Philippe Ruedin.

L'intérêt de la marque MAR est de proposer les calibres ASXP dans un cadre plus simple que chez d'autres clients: dans le contexte de MAR, ils sont proches du mouvement "de base" ce qui met en valeur la qualité initiale de leur conception et leur très belle architecture.

Car en retournant la BT2, nous pouvons observer l'ASXP 1350 (exclusif à MAR) qui confère une autre originalité à la montre: il s'agit d'un mouvement à micro-rotor qui se caractérise par un pont de barillet traversant, un rotor très particulier dont la forme a pour but d'améliorer l'efficacité du remontage, une basse fréquence (2,5hz), une inertie importante au niveau du balancier et une réserve de marche de 52 heures.

Incontestablement, l'ASXP 1350 est à la fois très particulier dans sa présentation mais également très bien fini: nous retrouvons les sillons de vigne qui rappellent la décoration côté platine et les différents ponts, proprement exécutés donnent un beau sentiment de volume.

Cette BT2 donne une très bonne idée du potentiel d'ASXP qui conçoit des mouvements innovants dans leur architecture mais aux performances maîtrisées afin d'être fiables et plus facilement réparables en cas de problème. ASXP, c'est un concept horloger qui ressemble à celui du progiciel en informatique. Les calibres de base peuvent répondre aux besoins spécifiques de clients aussi différents dans leurs exigences que MCT, Hautlence ou Ladoire. Cette capacité d'évolution rend donc très séduisant le catalogue ASXP qui est disponible par le biais de Swiss Time Mechanic, manufacture dont le but est justement d'adapter ces calibres ASXP aux contenus des cahiers de charges des marques recherchant des calibres exclusifs.

A travers la présentation de la MAR BT2, j'ai souhaité donner un coup de projecteur à la fois sur le projet personnel de Philippe Ruedin (associé à Xavier Michel pour le travail esthétique) mais également sur l'offre ASXP. Le calibre ASXP n'est certes pas dans le contexte de MAR transformé comme il peut l'être pour Ladoire ou un autre. C'est la raison pour laquelle la BT2 est intéressante à analyser car elle donne une très bonne idée de la qualité d'un mouvement de base ASXP avant tout travail d'évolution.

Pour en revenir plus spécifiquement à MAR, je regrette que la ligne technique ne soit pas disponible avec des cadrans pleins. J'espère que cela sera possible à l'avenir car je persiste à penser que visuellement, l'ASXP 1350 est bien plus beau à observer côté ponts que côté platine.

Un grand merci à Philippe Ruedin et à Edouard Vincent (STM) pour leur accueil au cours du GTE 2011.