Patek Philippe: 5726A

Cette année, Patek Philippe a élargi le champ des complications proposées dans un boîtier Nautilus en présentant la 5726A, montre à calendrier annuel. En fait, c'est toujours la même histoire avec une Nautilus compliquée: nous nous demandons toujours si Patek Philippe a tort ou raison de casser la simplicité de la Nautilus en lui rajoutant des complications pas forcément les mieux adaptées à ce contexte si particulier. Et puis, la Nautilus n'est-elle pas proche de la perfection dans sa livrée la plus dépouillée, après tout le modèle initial ne comportait même pas de trotteuse!


Mais avec Patek Philippe, il est difficile de raisonner de façon aussi radicale.

Tout d'abord, depuis plusieurs années, nous nous sommes habitués à voir des Nautilus différentes, comportant un affichage de la réserve de marche, des phases de lune, un chronographe. Alors la présentation d'une nouvelle complication choque moins en 2010.

Et puis l'accueil réservé aux exemples précédents a plutôt poussé Patek Philippe à poursuivre dans cette voie. Je suis cependant à titre personnel partagé sur les deux types de Nautilus compliquées qui ont précédé ce calendrier annuel: j'ai ainsi adoré la 3712 (et ses évolutions) grâce au bazar organisé du cadran et à l'utilisation du calibre 240 dont la finesse est adaptée au boîtier élancé. J'ai peu apprécié en revanche la 5980 dont la complication (chronographe) me semblait alourdir inutilement le style de la montre malgré une intégration astucieuse des poussoirs.

Alors, que faut-il penser de cette 5726A? Les points forts de la montre sont la beauté du cadran parfaitement exécuté et dont les reflets constituent un régal pour les yeux, la quasi-perfection du boîtier, que ce soit dans sa finition ou dans son confort au poignet, et la possibilité qu'offre Patek Philippe de proposer une complication utile dans une montre moins classique et étanche à 120 mètres.


Le mouvement est le 324 S QA LU 24 H au balancier Gyromax, dont la réserve de marche est de 45 heures et la fréquence de 4hz. Il ne s'agit pas d'un calibre spectaculaire visuellement parlant mais il est décoré avec simplicité et raffinement.


L'heureuse surprise finalement est le choix de Patek Philippe d'utiliser un boîtier en acier alors que, de par la couleur du cadran et le bracelet cuir, la montre semble de prime abord en or gris. La contrepartie est que l'utilisation de l'acier va renforcer l'attractivité de cette Nautilus et la rendre encore plus inaccessible.

Il y a un point qui personnellement me dérange dans cette montre malgré toutes ses qualités. La complication est certes intéressante et maîtrisée par Patek Philippe mais je trouve la présentation des informations trop stricte, trop verticale pour une Nautilus. Je parlais précédemment du bazar organisé des 3712/5712. Cette petite folie correspond bien à l'état d'esprit de la Nautilus. Avec la 5726A, nous avons le sentiment d'être face à une montre paradoxale, originale par son boîtier, rigide par l'organisation de son cadran.


Malgré ses indéniables qualités, je pense que la 5726A ne dégage pas le même charme que les 3712/5712. Ce sentiment est d'autant plus accentué que le 324 ne me fait pas oublier le 240. La montre y gagne en revanche une seconde centrale mais cette dernière est-elle vraiment dans l'esprit de la Nautilus? De toutes les façons, le prestige de la marque et le décalage de la présentation de cette 5726A par rapport aux autres Nautilus acier séduiront sans difficulté un nombre de clients bien supérieur à celui de montres disponibles...

Un grand merci à l'équipe Patek Philippe France.